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Focus sur les femmes dans l’animation japonaise

 

Annecy 2019, le festival rend hommage à l’animation japonaise. L’occasion pour les Femmes s’Animent d’organiser un petit déjeuner focus sur la place des Japonaises dans le dessin animé…

Cette rencontre informelle a permis d’en savoir un peu plus sur cette culture cinématographique si différente. Si de plus en plus de filles choisissent d’étudier l’animation au Japon, elles ne sont encore peu nombreuses à y faire une carrière. Ilan Nguyen, maître de conférence à l’Université des Arts de Tôkyô, témoignait de la difficulté culturelle, toujours très prégnante à mener une carrière une fois mariée ou mère. Beaucoup de préjugés inconscients demeurent vivaces au pays du soleil levant. Il faudrait sans doute pousser les jeunes filles à suivre leurs rêves et les aider en travaillant au sein des entreprises de production pour faire évoluer les mentalités.

Le parcours de Maho Yoshida, une des rares femmes à diriger une équipe au Japon, a plutôt été une suite logique d’opportunités et de rencontres entre le dessin et l’animation. Aujourd’hui, elle est très heureuse d’être réalisatrice et de mener ses projets. C’est le contre-exemple parfait !

Pour Taka Kato, réalisatrice et illustratrice, le plus difficile est de constater que si personne ne lui a mis de bâton dans les roues, personne ne l’a aidée non plus à mener à bien ses projets de film ! Elle a même parfois été choisie, sous prétexte qu’une présence féminine garantit un esprit kawaï tant recherché… Pour répondre à ce stéréotype, elle développe la série Maggy’s mission dont la petite Maggy de 12 ans est l’héroïne. La fillette rêve de devenir détective et tente de résoudre tous les petits mystères qui se déroulent autour d’elle. Mais elle ne cesse de faire des erreurs ! Bien sûr, elle finit toujours par résoudre les enquêtes à sa manière…

Si les conditions de travail sont tout aussi dures que dans d’autres pays, au Japon, les changements sont lents. Les salaires en animation demeurent faibles et s’agissant d’un métier-passion, les revendications sont moindres. Les femmes doivent donc lutter d’autant plus pour se faire une place, la conserver, quels que soient leurs choix de vie, et obtenir un salaire honnête tout en faisant de la création, pas uniquement des commandes considérées comme des missions dédiées aux femmes.

S’agissant des personnages, Elisabeth Ito, auteur et réalisatrice, qui travaille désormais aux États-Unis, constate avec joie que les personnages féminins sont de plus en plus présents sur les écrans. Elle développe des projets dans lesquels elle veut proposer des personnages féminins tels qu’elle aimerait en voir plus souvent. Ces propositions entrent en résonnance avec les stéréotypes qui existent encore au Japon et peuvent participer à faire bouger les lignes.

 

L’équipe de NHK, dont Yukiko Homma fait partie, évoque d’ailleurs une toute nouvelle héroïne qui fait fureur au Japon : Chico-Chan. Dans un programme diffusé chaque semaine, cette héroïne virtuelle – une petite fille de 5 ans – pose des questions très naïves dont les réponses permettent d’enrichir la culture générale des spectateurs.

Si beaucoup de grands créateurs japonais déclarent publiquement souhaiter l’émancipation des femmes, la place de celles-ci dans l’animation est encore loin d’être évidente dans les faits. Des initiatives personnelles autour de créations, des parcours inspirants de femmes, et de programmes originaux avec des héroïnes ouvrent la voix de tous les possibles.

Aux petites filles, aux étudiantes, aux femmes, de ne pas oublier leur rêves…

Valériane Cariou

 

Billet – Petit déjeuner du 11 juin – Annecy 2019 – Par Valériane Cariou